Deuil périnatal et passage symbolique à la nouvelle année

Le temps du changement... Le passage à la nouvelle année peut raviver la douleur du deuil périnatal. Entre souvenirs marquants et besoin de renouveau, cette période symbolique soulève souvent des émotions fortes. Découvrez, à travers le regard d’une psychologue, comment le temps et les dates clés influencent ce chemin de deuil.

Comprendre le temps psychique dans le processus de deuil

La nouvelle année marque une fois de plus un changement pour toutes les familles qui vivent le deuil périnatal. La période des fêtes qui précède ce changement est pour chacun chargée de croyances, de représentations et de vécus qui diffèrent mais qui résonnent de manière universelle. Profiter pour se rassembler (en petit comité) ou préférer souffler sans devoir se justifier, ces moments symboliques font écho à l’ambivalence permanente dans laquelle les familles traversant le deuil sont prises.

Dans l’univers de la psychologie, il est souvent dit que le psychique n’a pas de temporalité, ou tout du moins, pas la même que celle que nous éprouvons au jour le jour. Tout est relatif, même le temps psychique. Lorsque des parents sont confrontés à un deuil périnatal, il y a ébranlement d’une temporalité qui est déjà bien particulière : celle de la grossesse (parfois même, cette temporalité était à part, lorsqu’il y avait un parcours de PMA la précédant). Alors il est courant de voir les parents perdre le fil du temps qui passe… Les journées peuvent ne paraître qu’un enchaînement d’instants vides, les semaines un enchaînement de périodes d’éveil et de sommeil sans sens, les mois un enchaînement de semaines où l’on se demande bien où le temps passe, alors même qu’il semble peser de tout son poids sur le corps endolori.

Noël, nouvel an, anniversaire… quand le calendrier ravive l’absence

Or, même si ce temps est insaisissable, très souvent, certaines dates sortent de la torpeur. 1 semaine. 1 mois. 2 mois. 3 mois. La date présumée d’accouchement. 9 mois. 1 an. Noël. Le changement d’année.

Ces dates et leur symbolisme est puissant. Durant ces périodes, les parents se retournent souvent. Ils sortent de leur torpeur et peuvent ressentir beaucoup d’émotions. Ils en ont parfois besoin. Et ils prennent la mesure du temps qui passe. Le passage à une nouvelle année est une de ces étapes souvent redoutée et/ou attendue (oui, les deux à la fois parfois). C’est un symbolisme. Ils vont quitter l’année qui a vu leur enfant naître. S’en éloigner. Cela fait peur. Mais cela peut aussi les obliger, d’une certaine manière, à accepter cette nouvelle temporalité faite de dates symboliques.

Espoir et reconstruction : faire place au changement

L’année 2020, a, de plus, été une année bien particulière dans la vie de tout un chacun. Les repères ont été encore plus ébranlés. Le monde autour, qui en général, tournait « normalement » lorsque les parents étaient dans la tourmente, n’avait plus de logique. Comment s’est passé l’accouchement ? Comment s’est passé l’après ? Comment s’est passé Noël ? dans les conditions actuelles que nous connaissons toutes et tous… Alors pour l’année 2021, une nouvelle étape se marque. Qu’on porte beaucoup d’importance à ce changement ou non, on ne peut le nier. C’est dans l’air.

Mais cette nouvelle année, comme toutes les nouvelles, va apporter son lot d’espoir et de renouveau. Car pour certains parents, le besoin de changement est vital. Le changement d’année amènera peut-être un changement de travail, un changement de logement, un changement de valeurs, … Ce ou ces changements n’effaceront pas les souvenirs des enfants partis trop tôt, mais permettront certainement aux parents d’avancer toujours un peu plus sereinement sur le chemin de leur deuil.

Merci à Aline Rousseau, psychologue
et membre du conseil d'administration de Petite Emilie.

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